Connaissance de soi : comment se comprendre dans un monde complexe et incertain
Jean-Yves Mercier

Connaissance de soi : comment se comprendre dans un monde complexe et incertain

Jean-Yves Mercier

La recherche de la connaissance de soi a été reconnue à travers les âges comme l’une des vérités les plus fondamentales : de l’inscription “connais-toi toi-même” sur les entrées du temple de l’Égypte ancienne et reprise par Socrate, à la croyance bouddhiste que la pleine conscience représente le premier facteur d’illumination. Plus récemment, un document intitulé “How to Become A Better Leader” publié dans la revue de gestion Sloan du MIT, la citait comme la capacité la plus importante à développer pour les dirigeants. Un fait aujourd’hui et encore affirmé et établi par des dizaines d’autres études sur le sujet.

La connaissance de soi est justement au cœur du leadership et plus précisément du self-leadership ; elle permet de travailler consciemment ses forces et ses faiblesses, mais aussi de progresser vers des rôles qui nous satisfassent pleinement. Mais comment se comprendre ? Comment savoir qui nous sommes ? Là est toute la difficulté, tant nous évoluons dans un monde complexe et incertain.

La connaissance de soi, une quête impossible ?

Faisons un petit exercice. Placez-vous devant un miroir ou allumez la caméra de votre ordinateur, ou bien sûr de votre smartphone. Et décrivez-vous physiquement. Vous allez sûrement dire que vous êtes un homme ou une femme, que vous êtes jeune ou vieux, petit ou grand, que vous êtes mince ou à l’inverse que vous avez quelques kilos en trop. Ici, vous vous comprenez dans votre état. Ce que vous êtes. Mais imaginons maintenant que vous êtes parmi un groupe de personnes. Êtes-vous vieux ou jeune ? Êtes-vous grand ou petit ? Vos réponses ne seront sans doute pas les mêmes, car votre description changera selon votre environnement. Parmi des adolescents, vous vous identifierez comme quelqu’un de vieux. Ou parmi des retraités, comme quelqu’un de jeune.

Lorsque nous nous définissons, nous nous comparons en réalité toujours à quelque chose. Nous le faisons par rapport à notre environnement et surtout selon des normes sociétales, qui, ne cessant aujourd’hui d’évoluer, rendent encore plus difficile la compréhension de notre état. Nous avons une identité par rapport à un contexte donné, et une différente dans un autre.

Se comprendre dans nos actions (si je fais ça, il se produit ça) l’est tout autant. Savez-vous exactement ce qu’il se passera si vous effectuez telle ou telle action ? Bien sûr, nous ne parlons pas ici d’actions simples comme boire ou manger, mais plutôt d’actions effectuées sur votre environnement. Cela est impossible. Celui-ci changeant constamment, nous ne pouvons tout maîtriser. Les normes évoluent, deviennent de plus en plus floues. Ce qui était évident ne l’est plus maintenant. Prenons par exemple le vol. Je vole donc je vais être puni. C’est ce que l’on nous a appris tout petit, et c’est ce que notre société a instauré. Mais cette règle a depuis changé. En morale, elle reste la même. Mais en action, elle n’a plus la même connotation. Nous nous rendons compte tous les jours dans les médias que les personnes qui font les lois peuvent aussi voler. Certains osent donc un peu plus cet acte pensant qu’un petit vol peut être réalisé sans conséquence.

Nos interactions avec autrui ont également évolué. La bise (très occidentale) était jusqu’à aujourd’hui la norme pour se saluer. Elle n’est désormais plus guère admise depuis la crise du Covid.

Se comprendre dans son état et dans nos actions par rapport à son environnement est ainsi devenu quasiment impossible. Face à la complexité et l’incertitude de notre monde, la seule possibilité est alors de se comprendre dans son essence : comprendre qui nous sommes vraiment, ce qui est important pour nous, ce vers quoi nous avons envie d’aller, et ce, hors de l’influence de notre environnement.

Se comprendre, c’est s’accepter non plus par rapport à l’extérieur mais par rapport à soi

Un travail intérieur qui passe par une observation de soi et notamment de ses automatismes. Pour se repérer dans notre monde, nous créons, en effet, inconsciemment des mécanismes. Si nous sommes grands, nous nous baissons ainsi automatiquement pour faire la bise. Si nous sommes petits, nous nous levons légèrement sur la pointe des pieds pour saluer notre interlocuteur. Il ne s’agit ici que d’un simple exemple, mais chacun de nous s’est construit des automatismes en rapport à son environnement : des pensées, des réactions, des comportements. Tout l’objectif sera de les reconnaître et de les accepter ou non.

Connaître ses valeurs est aussi essentiel, car il revient à comprendre ce que l’on cherche dans tout projet, dans toute action. Mais quelles sont-elles vraiment ? À cette question, 9 personnes sur 10 répondent par des projections de leur environnement social. Elles définissent leurs valeurs selon des normes dictées et ancrées dans notre tête : ce qui est bien ou pas bien, ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Ici aussi l’influence du monde extérieur est puissante. Interrogeons-nous alors sur ce qui nous représente vraiment, sur ce qui est le plus important pour nous, sans se comparer ni se soucier de quel sera le résultat.

Plutôt que de regarder notre monde et donc de se définir à travers lui, il faut faire le chemin inverse : se connecter à son essence, la comprendre, pour ensuite la reconnecter à son monde. Si nous nous comprenons réellement, nous serons alors capables de nous adapter, voire de bénéficier de la dynamique de notre environnement.

Et c’est ainsi tout l’enjeu du programme de Self-Leadership, un voyage personnel dont le premier but est la découverte de soi-même.

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